Le défi de communiquer en cette ère où des opinions sur tiennent lieu d’informations sûres
En donnant la possibilité à chaque individu de passer du statut de consommateur à celui de producteur de contenus, voire de devenir lui-même un « média », les médias sociaux ont joué un rôle de catalyseur dans l’avènement du journalisme d’opinion et du journalisme citoyen et son corollaire : un glissement progressif de la démocratie représentative vers une démocratie d’opinion ou « doxocratie », terme forgé par l’essayiste et journaliste français Jacques Julliard à partir des mots grecs doxa (l’opinion) et kratos (l’autorité, le pouvoir).
Le 17 février 2020, un billet du blogue Expressions décrivait la doxocratie comme « un système politique régi par l'opinion, où règnent les sondages, les modes médiatiques, les pensées dominantes, et se traduit par une forme de populisme » (https://www.expressionsoceanie.com/post/doxocratie).
On y citait entre autres une remarque de l’éminent spécialiste en stratégie d’images, Jean-Jacques Stréliski, invitant notre société à une réflexion sur des pratiques qui conditionnent « les politiciens, les intellectuels et les journalistes à se concentrer davantage sur une réponse, voire une réplique, plutôt que sur une analyse méthodique et fondée. L’enjeu est désormais de réagir plutôt que d’agir » (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/358790/haissons-nous-les-uns-les-autres).
La croissance substantielle du taux d’adoption des réseaux sociaux comme principale source d’information au détriment des médias traditionnels n’a pas fini de compliquer sérieusement la vie des individus et des organisations qui ont des « choses à dire ». Il leur sera en effet de plus en plus difficile de se faire entendre dans un écosystème où, malheureusement, le spectacle des nouvelles est souvent plus important que les nouvelles elles-mêmes, où l’humeur du moment et l’absence de recul s’amalgament trop fréquemment pour éclipser la raison et la réflexion, pour exacerber des polémiques et des antagonismes stériles, pour attiser des diatribes et des vindictes hargneuses.
La confusion entre l’information et l’opinion soude les faits et les points de vue à un point tel qu’il est par moments compliqué de discerner le « factuel » (vérifiable, prouvable et irréfutable) de l’« impressif » (discutable, variable et contestable), et ce, tant pour les producteurs que les consommateurs de contenus.
D’où l’importance d’un accompagnement stratégique par des professionnels aguerris pour prévenir ou contrer les effets négatifs de cet embrouillement nocif sur la clarté des messages et l’efficacité des interactions dans un monde où, contrairement aux apparences et aux croyances, l’on communique de mal en pis et donc de moins en moins.