Énergies renouvelables au Québec : Pourquoi une approche d’acceptabilité sociale par projet risque de se heurter chaque fois à des résistances locales


À ambition immense, défi immense. Si tous s’entendent aujourd’hui sur la nécessité de réussir la transition énergétique et la décarbonation du Québec, et si l’ambitieux plan présenté par Hydro-Québec et son président Michael Sabia a été accueilli globalement avec enthousiasme, son exécution sera complexe, notamment la construction et le maintien de son acceptabilité sociale.   

Pour Hydro-Québec et le gouvernement du Québec, comme pour les promoteurs de projets spécifiques ou les élus locaux, quatre (4) grands défis se dessinent en matière d’acceptabilité sociale en regard des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. 

Tour d’horizon du plan annoncé par Hydro-Québec 

La société d’État souhaite travailler dans une seule direction, à savoir avancer rapidement vers une transition énergétique. Avec des investissements nécessaires variant entre 155 et 185 milliards de dollars, ce plan est structuré autour de deux (2) axes principaux en vue de contribuer notamment aux ODD. 

  •  L’augmentation de la production énergétique pour répondre à la demande d’électricité du Québec à l’horizon 2050 (ODD 7 :  Énergie propre et d’un coût abordable).

  • La valorisation des énergies renouvelables, notamment éoliennes et hydroélectriques (ODD 13 : Lutte contre les changements climatiques). 

Ce plan a été bien reçu, notamment par l’Association canadienne de l’énergie renouvelable qui en retient une augmentation de la production éolienne et par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui valorise les bénéfices d’une électricité verte pour le milieu des affaires québécois. 

 

Défi 1 - Le fait qu’un projet soit « vert » ne garantit en rien son acceptabilité sociale. 

Les exemples récents d’annonces considérées comme historiques par plusieurs abondent pour illustrer ce fait, que l’on pense à la filière batterie ou à l’hydrogène vert. 

 

Défi 2 - Il est fondamental de construire l’acceptabilité sociale pour l’ensemble de la vision. 

Un réel dialogue national sera nécessaire vu l’ampleur du chantier envisagé et donc des impacts potentiels et des préoccupations susceptibles d’être soulevées par la population. Sans ce consensus global et sans cet engagement collectif, une approche d’acceptabilité sociale par projet risque de se heurter chaque fois à des résistances locales, comme nous l’observons présentement avec les projets de développement de parcs éoliens. 

 

Défi 3 - Un allègement du processus réglementaire ne devrait pas dispenser les promoteurs et les gouvernants de faire preuve de transparence envers les populations. 

Si l’idée d’alléger le processus réglementaire – qu’on pense notamment au BAPE – apparait à plusieurs comme une façon de faciliter la réussite des projets, cela ne devrait pas dispenser les promoteurs ni les gouvernants de faire preuve de transparence envers les populations. Bien au contraire! En paraissant favoriser un projet ou un promoteur par l’ouverture d’une voie moins rigoureuse, on suscitera forcément une méfiance accrue au sein de la population. Il faudra alors faire preuve d’encore plus de transparence et d’ouverture, et ce, le plus tôt possible dans le processus. 

 

Défi 4 - Parvenir à élargir le dialogue au-delà des parties prenantes directement impactées par le plan et par les projets individuels d’énergies renouvelables, et s’assurer d’inclure la population largement.   

Il faudra impérativement élargir le dialogue au-delà des parties prenantes directement impactées par le plan et par les projets individuels, et s’assurer d’inclure la population largement. Cela est valable pour l’ensemble des éléments cités précédemment. Encore une fois, quelques annonces majeures récentes démontrent bien que le soutien des principales « parties prenantes » ne suffit pas et que l’ensemble de la communauté se doit d’être engagé. 

Sommes-nous prêts, collectivement, pour ce défi colossal? Absolument! Il faudra toutefois avoir à notre disposition les bons outils et les bons processus, alignés correctement sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, pour garantir une transition énergétique durable et socialement acceptable. 


Auteur

François Pilote

Président et fondateur

Auteur

Mathieu Pelletier

Vice-président - Acceptabilité sociale et Relations avec les communautés

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